Sol enherbé ou travaillé ?

Article présenté ici dans le cadre du programme Olea 2020
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Les différents modes de gestion du sol conduisent à maîtriser ou à détruire la strate herbacée. Il s’agit là d’une première distinction ente les diverses pratiques d’entretien du sol. Aussi, doit-on d’abord s’interroger sur l’intérêt de maintenir un couvert herbacé au sol. Le tableau suivant permet d’apprécier les avantages et les inconvénients du travail du sol et du maintien d’un enherbement:

Tableau comparatif sol enherbe travaille.jpeg

 

Intérêt du travail du sol

  • Le travail superficiel du sol permet de préserver les réserves en eau du sol au profit de l’olivier et de limiter les remontées capillaires. Le principal inconvénient de l’enherbement réside en effet dans l’accroissement des pertes en eau par évaporation durant l’été, d’où une concurrence hydrique plus ou moins marquée en vergers non irrigués, menant généralement à une diminution de la récolte d’olives. Cette baisse de production reste toutefois modérée dans les vergers aux sols à tendance argileuse et en cas d’enherbement ras. Par contre, une mauvaise maîtrise de l’enherbement en sols sableux peut être particulièrement préjudiciable : les travaux menés en Toscane par l’ARSIA sur un verger au sec font par exemple état d’une baisse du poids récolté de l’ordre de 37 % en l’absence d’entretien sur un couvert constitué de fétuque élevée et de ray-grass italien, en comparaison avec un sol travaillé. Une telle concurrence justifie parfaitement la destruction des adventices à partir du milieu de printemps, dans les oliveraies non irriguées ou faiblement irriguées.
  • Il faut noter que l’irrigation vient gommer les différences de production entre vergers enherbés et vergers désherbés. Un système d’irrigation localisée, comme le goutte-à-goutte, permet de contenir le développement estival des adventices aux seules surfaces arrosées, ce qui réduit la concurrence hydrique de l’enherbement et limite les interventions sur le sol.
  • Le maintien d’un couvert herbacé dense pénalise le développement des jeunes plantations. L’entrée en production des vergers s’en trouve retardée. Aussi, durant les trois à quatre années qui suivent la plantation, l’enherbement est détruit en milieu de printemps par un travail superficiel du sol, de sorte à supprimer la concurrence hydrominérale. Cette pratique est à réserver aux terrains plats, moins sujets à l’érosion.
  • Le travail superficiel du sol peut également s’avérer utile pour aérer le sol, en particulier en cas de battance (prise en masse du sol pouvant conduire à une asphyxie racinaire), et pour incorporer les engrais et les amendements organiques, ce qui en améliore l’efficacité.
  • Le maintien d’une couverture herbacée est également susceptible de favoriser la progression du feu dans l’oliveraie en cas d’incendie et, dans de rares cas, d’attirer les campagnols (préférence pour les légumineuses).

Intérêt de l’enherbement

  • Le travail du sol est bien souvent à l’origine de nombreux cas d’érosion des sols. Dans certaines oliveraies andalouses, le travail intensif du sol est responsable chaque année de pertes cumulées estimées à 80 tonnes de terre arable par hectare, soit l’équivalent d’une couche de près de 5 mm d’épaisseur. En faisant obstacle au ruissellement des eaux pluviales et en fixant les particules de sol, l’enherbement permet de limiter les risques d’érosion. Aussi, si le terrain présente une pente, il est recommandé de laisser l’oliveraie enherbée ou de maintenir des bandes enherbées perpendiculaires à la pente. De plus, la couverture herbacée vient renforcer l’infiltration et la pénétration de l’eau dans les couches profondes du sol. Ainsi, un enherbement maîtrisé peut conduire à améliorer le niveau de production des oliveraies situées sur des terrains à fortes pentes, du fait de la meilleure infiltration de l’eau dans le sol.
  • L’enherbement agit favorablement sur la structure des sols grâce à la capacité des racines à fissurer les sols, améliorant ainsi l’état de granulation et l’aération des sols. De plus, l’enherbement protège la terre contre l’impact des gouttes de pluie, ce qui réduit l’effet de battance et les risques d’asphyxie racinaire.
  • Les sols enherbés présentent généralement un meilleur état de fertilité grâce à la vie microbienne qui s’installe au niveau des racines des adventices et grâce aux tontes pratiquées. Cet approvisionnement régulier en matière organique stimule l’activité microbienne du sol et permet de renouveler les réserves du sol en matière organique.
  • La strate herbacée vient enrichir la biodiversité de l’oliveraie de nombreuses espèces (carabes, staphylins, araignées…) qui agissent de manière directe ou indirecte sur la régulation des populations de ravageurs de l’olivier.
  • En cas de verticilliose sur la jeune oliveraie, le broyage de l’herbe est à préférer au désherbage mécanique du sol pour ne pas propager le Verticllium dahliae aux arbres voisins.
  • La présence d’une couverture herbacée limite les pollutions diffuses et améliore la dégradation des matières actives phytopharmaceutiques dans le sol. Les bandes enherbées jouent également un rôle bénéfique sur la réduction des pollutions diffuses liées au ruissellement et au lessivage. L’efficacité de ces bandes enherbées dépend de leur largeur et de la densité de l’enherbement.
  • D’un point de vue pratique, l’enherbement assure une meilleure portance des engins agricoles. Il est parfois reproché à l’enherbement de gêner la pause des filets de récolte et de sensibiliser les oliviers au gel. Ces deux points sont résolus par une tonte avant la récolte des olives. De plus, lors de la récolte, le déplacement des filets chargés d’olives s’en trouve facilité et les olives sont moins souillées de terre.

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